Mon mari est capable
En son temps, pour des raisons économiques, Thomas Sankara a institutionnalisé l’utilisation du cyclomoteur comme moyen de transport officiel en remplacement des voitures d’Etat. Des cyclomoteurs Camico ont été distribués dans toutes les préfectures du pays. Mais cette décision d’obliger les préfets, « personnalités de l’État », à utiliser les mêmes transports que la classe moyenne a été vue à coup sûr comme une mauvaise blague, et ils ont donné leur « mobylette de service » à leur personnel pour leur usage personnel et leurs courses, garder leur Peugeot 504 pour eux.
Ouagadougou est la capitale du cyclomoteur ! Mais le phénomène n’est pas seulement à Ouagadougou, mais aussi au Bénin et au Mali, offrant une concurrence féroce. L’un des proverbes populaires et sages de Dagara dit au poussin qui n’a pas encore poussé ses ailes “que tout le monde n’a pas accès à la nourriture, sur la terrasse”. Et au Burkina Faso, vu le niveau des salaires, tout le monde n’a pas accès à une voiture… alors le rêve s’installe sur une mobylette sous toutes ses formes ; du Camico au CT transformé en P50 avec le CG125, le Honda, le “Yamaha”; jusqu’à des inventions plus récentes comme le JC, très recherché par les jeunes filles etc. Les médias ont exploité la situation. Sur de grands panneaux publicitaires, on pourrait lire « Mon mari est capable » accompagné d’une image d’une très belle femme assise sur une « Lady Yamaha », qui dépeint explicitement le mari idéal comme étant celui qui a de l’argent.